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Avec ce nouveau rapport sur l’aérien, PRE interpelle, avec l’énergie et style que nous lui connaissons, le secteur aérien sur sa réponse au défi du changement climatique. Si des avancées sont soulignées, le principal reproche qui lui est fait est celui de « technosolutionisme ». Ce néologisme barbare véhicule l'idée que la seule innovation technologique serait suffisante pour résoudre le problème. Si ce « technosolutionisme » sonne comme un reproche chez les uns, l’approche technologique structure le discours et l’action des autres, propulsés par l’esprit des pionniers de l’aviation, capables de se dépasser et de réussir là où la majorité renonce. Ainsi, quand la société civile et scientifique alerte sur le changement climatique et l’impact de l’aérien, l’avionneur répond par un nouvel avion et le transporteur promet de révolutionner le transport.

Malheureusement, la nature et l’ampleur du problème auquel nous faisons face font que ces réponses, même ambitieuses, font peser des risques importants sur les objectifs climatiques, mais aussi sur la propre capacité du secteur à survivre dans un monde en proie aux instabilités d’origine climatique et énergétique. De plus, et surtout, la promesse d’une solution technologique décarbonante totale évite le questionnement sociétal, la réflexion, personnelle et collective, sur les usages et les possibilités d’habiter le monde sans son forfait énergie-matière illimité à disposition. Moins nous envisageons cette situation, plus nous la subirons.

Ce qui est en jeu, pour le secteur aérien comme pour chacun de nous, c’est la capacité à porter notre regard et nos actions au-delà de nos intérêts personnels et immédiats, c’est notre capacité à remettre en cause les schémas qui nous ont permis de nous développer jusqu’à présent, mais qui ne peuvent plus fonctionner en ressources finies. La prise de conscience des limites planétaires nous appelle à passer de l’adolescence à l’âge adulte énergétique, avec ses limites, mais aussi ses nouvelles possibilités.

Engager un tel virage de positionnement stratégique est un vrai défi, mais la tempête est annoncée droit devant, et les alarmes n’en finissent plus de clignoter. C’est ici qu’il faut ouvrir la voie, que tout est à inventer, avec courage, détermination et humanisme, c’est-à-dire dans l’esprit des pionniers de l’aviation. « Etre homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde. » Terre des Hommes, A. de Saint-Exupéry. Accéder au rapport